Visite du Struthof : ne jamais oublier….

Voilà une visite que je voulais faire depuis que je suis arrivée ici. Une visite un peu particulière : je savais qu’elle serait chargée d’émotions mais comme pour beaucoup de monde, cette période de notre histoire est pour moi passionnante.

Cette période est, bien sur, la seconde guerre mondiale et il s’agit du site du Struthof, ancien camp de concentration.

Certains diront que c’est « glauque » d’y aller, je leur répondrais que ce n’est qu’un travail de mémoire, qu’il ne faut jamais oublier, que l’histoire peut à chaque instant se répéter. Et que non, ce n’est pas glauque.

J’y suis allée avec une amie au mois de mai, nous avons eu de la chance, un magnifique soleil nous a accompagné ce jour là. Cela a peut-être aidé à trouver le lieu moins « glauque ». Car mine de rien, une des premières impressions que nous avons eu en arrivant vers le site c’est « Wahou, c’est magnifique » ! Nous avons appris que c’était un ancien lieu de villégiature, une station balnéaire pour riches alsaciens. Donc oui, le site est magnifique et offre des points de vue superbes sur les Vosges alsaciennes.

Allez, on se plonge dans le coeur même du Struthof ?

Je vais essayer de vous relater ma visite sans tomber dans un cours d’histoire ennuyeux. Cette période de l’histoire, tout le monde la connait et s’en souvient (sûrement plus que les mérovingiens en tout cas !).

Je remercie encore Marie, qui fut notre guide durant cette visite.

Le Centre Européen du Résistant Déporté  :

Le CEDR est le premier lieu que vous verrez, la billetterie s’y trouvant. Inauguré en 2005, il est un lieu de mémoire et de culture sur le nazisme principalement et sa montée (pour l’issue qu’on connait tous).

2000m2 vous attendent avec des expositions permanentes et temporaires, des films sont aussi projetés, des objets et photos vous rappellent toute l’horreur de cette période et comment le nazisme a progressé pour envahir ensuite l’Europe. Vous pourrez voir  les autres dictatures européennes (italienne avec Mussolini notamment) et aussi comment se passait la résistance, les déportations.

Nous pouvons voir des photos de tous les plus grands camps. Tout interpelle déjà. Autant les photos que le film et aussi les murs. Oui, les murs de pierre que nous pouvons toucher sont d’époques et ce sont les déportés Nacht & Nebel (nuits & brouillard, comme le documentaire éponyme) qui l’ont creusé durant des années. Personne n’a pu savoir à quoi servait cette cave longue et composée de plusieurs alcôves que les SS avaient commandée… Encore un mystère de cette guerre…

Le Musée :

Dès votre entrée dans le camp, vous sentirez l’ambiance changer. Cela m’a toujours impressionnée dans les lieux chargés d’histoire ; sans qu’on le veuille, on a l’impression que la nature fait son travail aussi, on entend même pas les oiseaux, tout le monde est respectueux.

Nous apprenons donc que ce camp, le KL-Natzweiler recevait principalement des déportés politiques, mais aussi les fameux NN : Nacht und Nebel mais aussi ceux qu’on appelaient les « asociaux » : homosexuels, tziganes… Ce ne sont pas moins de 52 000 détenus qui vivront là, dans des conditions effroyables, inhumaines..

Même si le musée a subi un incendie qui a détruit une grande partie de ses objets (et c’est très dommage, cela manquait effectivement de reliques), il est très bien fourni en planches explicatives et photos montrant toute la construction du camp, ses protagonistes qui sont à l’origine aussi bien du nazisme mais aussi des camps de concentration que des expériences. Il faut savoir que le camp du Struthof faisaient des expériences médicales mais aussi sur les gaz moutarde et phosgène.

Le camp :

Après le musée, nous nous dirigeons vers le camp en lui même. Alors s’il n’est pas aussi « fourni » que d’autres, c’est par choix (financier surtout car cela coute cher en entretien) mais l’essentiel est là.

Nous pouvons voir d’abord les places d’appel qui étaient les lieux de rassemblements, où les déportés étaient tellement comptés et recomptés qu’ils n’étaient plus que des matricules, totalement déshumanisés. Les exécutions en pendaison y avaient lieu.

Pour se rendre aux 2 blocks encore présents, nous passons par la nécropole et les ravins de la mort : si un déporté était vu entrain de franchir une certaine limite, il était aussitôt abattu…

Nous arrivons donc aux blocks : d’abord le cellulaire (assez éloquent comme nom). Nous sommes estomaquées par la taille de certaines cellules creusées dans les murs où le détenu ne pouvait y rester que recroquevillés sur lui même.

Le deuxième est celui appelé Block Crématoire. Je pense que vous aurez compris ce qu’on y faisait. D’un côté, nous avons les salles d’expérimentations médicales et de l’autre les fours. Un grand moment d’émotion. Aucun mot pour décrire lorsqu’on est face à ces monstres de fer.

La fosse aux cendres : je crois que ce fut l’endroit où mon émotion fut à son paroxysme. Nous nous trouvons face à une grande croix qui surplombent une fosse où étaient dispersées les cendres des déportés. Mais pas n’importe où, avant d’être un lieu commémoratif, c’était le jardin potager des SS. Rien d’autre à dire je crois….

Un peu plus loin, même beaucoup plus loin mais ça permet de faire une balade et de se changer un peu les idées, nous allons à la chambre à gaz. Ce fut un peu comme si une image fantasmée devenait réelle. On s’est tous imaginé comment ça pouvait être. Et là, c’est en face de nous. On peut y rentrer, toucher les murs, s’immerger totalement dedans. On y reste pas longtemps. C’est vite oppressant.

Un bilan ? 52 000 détenus répartis dans 70 camps annexes (Alsace et Allemagne frontalière) , 22 000 détenus décédés, que des hommes, il n’y avait pas de femmes.

 

Je vous conseille d’opter pour une visite guidée afin d’avoir le maximum d’informations, de ne rien manquer. C’est un lieu incontournable pour tous ceux qui habitent l’Alsace ou même notre Franche Comté. Plus de la moitié des visiteurs sont des scolaires, c’est génial qu’ils puissent voir et ressentir cette période de l’histoire mais je crois que même nous, qui avons étudiés la seconde guerre mondiale, devrions y aller au moins une fois dans sa vie.

Les visites sont interdites aux enfants de moins de 10 ans et même au delà, ils doivent être préparés…

Toutes les informations pratiques sont sur leur site.

Je me rends compte que l’article est long, peut être un des plus longs que j’ai écrit mais je n’ai rien calculé, j’aurais pu en écrire des heures encore mais c’est à vous maintenant de vous y rendre, de vivre cette expérience, de ressentir cette période de l’histoire et de la retranscrire autour de vous.

Ne jamais oublier.

Laissez nous un commentaire !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

1 commentaire

  1. Ces images me donnent froid dans le dos.. Mais je te remercie pour ce petit reportage. Je n’avais pas eu l’occasion de visiter le camp quand j’étais jeune, au collège, comme tant d’autres. Mais je pense m’y rendre un jour. Car il ne faut jamais oublier comme tu le dis très bien.

    http://www.tendancez-vous.fr

Etienne kopp Théatre de marionnette de belfort l'esprit comtois ma scène national le moloco la poudrière